L’Adartza et ses 1250m dominent Banca, longtemps réputé pour ses forges de cuivre, un petit coin de paradis et de calme au milieu de la vallée des Aldudes. Pour accéder au départ de cette randonnée, après avoir traversé le pont en pénétrant dans le village et admiré la présence d’un haut fourneau en très bon état de 1825, on emprunte le premier chemin à gauche. Celui-ci passe au dessus de maisons alignées, commence rapidement à serpenter et à prendre de l’altitude. Ensuite il faut prendre la direction d’Irabatua jusqu’à se présenter à la base de l’Adartza.


L’itinéraire emprunté se différencie de celui décrit classiquement qui passe par le col Urdiako Lepoa. Le passage que j’ai choisi n’est pas détaillé et progresse sur une arête beaucoup plus directe et raide qui se situe plus au sud du sommet. Après avoir traversé une forêt de hêtres dont certains sont centenaires, je récupère de grands espaces de pâture inoccupés en cette saison, les moutons et pottoks préférant rester à des altitudes plus clémentes qu’offre le fond de la vallée…


L’arête devient de plus en plus pentue et je commence à distinguer les sommets qui m’entourent tout en prenant de l’altitude; je rejoints rapidement la neige pour ne plus la quitter. Aucune trace visible avant moi, que du bonheur! Les restes de la voûte en forme de tunnel tout en haut sont presque intégralement recouvert de neige cela à cause des importantes chutes de neige à basse altitude du mois de février. Cependant une semaine de vent de sud a vite fait d’en faire disparaître la majeure partie, la plus grosse quantité restante étant concentrée sur les congères formées par le vent sur les crêtes et les arêtes.


Cette voûte si unique et emblématique se serait entièrement écroulée vers 2008, et désormais demeure comme un très beau souvenir pour les randonneurs qui ont eu la chance de la voir de près. Pour certains ce serait des vestiges romains, d’autres avancent la thèse d’un ancien hermitage du XVI sème siècle, parfois on peut lire que les deux ont existé sur le même site. A noter que l’historien Basque Eugène Goyenetche parle lui encore de la présence à la fin des années 70 de deux arches de 3 mètres de hauteur et 8 mètres de long en forme de tunnel, reposant sur deux cromlechs. Ce qui met en avant le fait que les Basques perdurent dans le temps à construire des édifices sur des lieux longuement symboliques puisque les cromlechs datent généralement de 2000 à 3000 ans avant J-C…

Le panorama depuis ce sommet offre une vue à 360 ° de toute beauté, du Labourd à la Guipuzcoa, en passant par la Navarre, la Basse Navarre, la Soule et enfin les Pyrénées!! Plus de quarante sommets que j’ai déjà eu la chance de pouvoir gravir au moins une fois, que de souvenirs et d’envie d’y repartir…


Après l’Adartza je décide d’emprunter le col d’Urkul Arte Lepoa
pour rejoindre le sommet du Mendimotxa –1224m-, à cheval sur la France et l’Espagne et dont une interminable clôture symbolise la frontière, et oblige par la même occasion au bétail de rester dans sa partie respective du Pays Basque, n’existant pas de faceries, ces traités entre vallées transfrontalières permettant le partage des zones de pâturages.

On peut également lire que dans ces zones déboisées de l’Adartza, les bergers pratiquaient autrefois une des premières formes de la pelote basque. Cette disciple ne nécessitant pas de fronton, mais plutôt une surface plane pour que la balle puisse rebondir au sol et suffisamment grande et délimitée naturellement (végétaux, ravins, etc…) pour pouvoir faire des échanges d’un camp à l’autre.
En s’imaginant la scène, on comprend bien que nous ne sommes pas les premiers à profiter de ces grands espaces que nous offre le Pays Basque, en espérant vous donner l’envie à vous aussi d’en faire de même, de vous laisser aller et de vivre l’instant!